đź“– L'enfant de la prochaine aurore / Louise Erdrich
C'est, on ne peut plus dans l'air du temps, un peu comme une illumination prémonitoire. Ça parle de confinement, avec une indescriptible saveur antécovidienne où un mal mystérieux plonge le monde sous surveillance policière, à cause d’un danger sanitaire impossible à maîtriser, entraînant la réclusion à domicile d’une population déboussolée.
Mais ça parle surtout de ce qui intéresse Louise Erdrich, au fil de ses quinze livres : une quête identitaire, marquée par des origines indiennes et une enfance imprégnée de catholicisme fervent, avec un goût prononcé pour les connexions spirituelles et les visions mystiques.
Et c'est dans les propos tenus par Cedar, l'héroïne, à son enfant à naître que se construit aussi cette quête. Une quête menée avec une franchise parfois cruelle, souvent drôle, qui pousse l'héroïne à partager avec son futur enfant la totalité de ses émotions en montagnes russes, pétries de contradictions et d’intelligence. Le lecteur partage alors avec empathie et angoisse ses divagations, tiraillée qu'elle est entre la brusquerie solaire de sa mère biologique indienne et la fausse perfection bobo de ses parents adoptifs blancs.
Difficile de ne pas repĂ©rer les rĂ©sonances avec Margaret Atwood et « sa servante Ă©carlate », mais aussi l'influence reconnue Ă Faulkner et Garcia Marquez qui dĂ©termine beaucoup de son attention au presque rien, sa lĂ©gèretĂ© rieuse, sa luciditĂ© Âvivace.
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