Une rose seule / Muriel Barbery

 ? Au fil des pages de ce roman on ne peut que se demander si l’autrice ne s’est pas trompée de maison d’édition en choisissant Actes Sud plutôt qu’Harlequin. « Une rose seule » évoque ces anonymes romans à l’eau de rose dont on connaît d’emblée le dénouement. Ça a le goût de l’eau de rose mais ce n’en est pas. Muriel Barbery a plus de talent et d’originalité que les auteurs amateurs de « romans de gare ». Elle nous entraîne sur les traces flottantes des absents, en dénichant la beauté qui se noue dans d’improbables détails.

Tout en nous baladant dans différents lieux, où on se délecte de poisson, de thé, de saké et de bière, et en épousant la mécanique d’un rituel, empreint d’une sobre sensualité, le récit de Muriel Barbery transcende la romance conventionnelle au profit d’une célébration de la vie et de la force de la nature. Et c’est beau, délicat, intelligent comme « un langage des fleurs et des choses muettes » (Baudelaire). Les pivoines, les iris pâles, les œillets, on les sent tellement les fleurs sont omniprésentes. L’exubérance florale ranime en chacun des personnages le désir de renaître.

Ça infuse en nous comme du thé, comme une ode à ce « pays d’arbres et de pierres ». Le raffinement de l'art de vivre japonais se ressent jusque dans l'agencement des mots : une succession de chapitres, comme une cérémonie du thé, ses rituels, et son rythme impassible. Et si une histoire de deuil et d’amour un peu surfaite s’ébauche, c’est toujours en écho à des légendes lointaines et à des préceptes de sagesse.

 

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