📖 Le démon de la colline aux loups / Dimitri Rouchon-Borie

Une descente aux enfers avec Duke, un démon hors de contrôle, immergé dans une misère aussi noire que les tableaux de P Soulages. Et ça envoie comme disent les ados : du glauque en veux-tu, en voilà. Rien ne nous est épargné. Un flot ininterrompu, un concentré d'images et d'émotions diaboliques à la limite du soutenable. On a le sentiment que pour son premier roman, Dimitri Rouchon-Borie a rassemblé tout le panel des affres de l'inhumanité. Une compile, un best of de la misére sociale et psychologique, du sordide.

Tout est là pour confirmer le chaos insupportable d'un monde d'horreurs : parents marginaux abusifs, maltraitants, qui humilient et déshumanisent leurs enfants sous-alimentés et déscolarisés, puis groupe de marginaux qui investissent des squats et vont parfois jusqu’à se prostituer, afin de subvenir à leurs besoins comme un tourbillon de violences subies par le narrateur. Ça a la virulence de Requiem des innocents de Louis Calaferte (1952). On imagine facilement où l’auteur, journaliste spécialisé en faits divers a puisé son inspiration : dans les salles d’audience où défile la misère de notre société. Celle-ci est rarement objet de littérature.

C'est la force de cet ouvrage : Une épaisseur métaphysique insufflée à un personnage ambigu, torturé moralement, physiquement, mais capable de rédemption.

Et puis une écriture où l'absence de ponctuation a de quoi déstabiliser, mais est pourtant chargée d'émotions qui n'ont pas simplement trait à l'éffroi face à l'inhumanité mais aussi à l'innocence du ton utilisé qui ramène un peu de bonté et de beauté, comme quelque chose de lumineux.

Roman coup de poing, mais également coup de cœur pour une naissance en enfers.

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